En format stage ou cours, près de chez vous ou au VERGER à Mollans-sur-Ouvèze, se donnent des cours de Play-Fight, pratique de danse martiale, entre Aïkido, Danse Contemporaine, Contact Improvisation et Capoeira. Cette discipline ravira ceux qui désirent pratiquer une forme plus libre et improvisée de combat où la fluidité et la gravité sont les principales clés.
Horaire : les mercredis, samedis et dimanches après-midi au VERGER. Signalez votre intérêt et fixons un après-midi parmi ces jours possibles!
Ma pratique du Play-Fight est inspirée de mon parcours en danse contemporaine, théâtre physique et contact improvisation. A vrai dire, dès que j'ai découvert le contact improvisation avec Ray Chung et Chris Aiken en 2015 (voir photo), j'ai réalisé que j'entrai en combat avec mon partenaire en modulant scienment deux états corporels, tantôt résistant, tantôt fluide. C'est dans la rythmique entre ces deux états que s'établit un ordre que l'esprit du play-fight vient perturber afin de surprendre le partenaire et de véritablement entrer dans le jeu. (Credit photo : He Shao Hui)
Certains de mes collègues en Contact Improvisation parleront de Sabotage. Le sabotage est une situation ici ludique et bien intentionnée. Le partenaire servant d'appui ou de base au mouvement de l'autre rompt soudainement le contact ou le support. Cela crée des ouvertures et des reprises dynamiques, renouvelant constamment la relation et le rapport des forces. Le sabotage, de cette manière est précieux car il crée un espace vide qui projette la gravité dans un flux accéléré. Ces situations, peu exploitée en contact improvisation aujourd'hui, font pourtant partie de l'histoire de cette discipline. Je propose, dans mes cours de Play-Fight, de se focaliser sur cette forme historique où on ne craint pas de challenger le partenaire en toute bienveillance et confiance (voir photo ci-dessous avec Karl Frost en 2018 à ECITE).
Le Play-Fight est une pratique, telle que l’Aïkido, fondée sur l'attention. J'observe les intentions de mon partenaire, je me sens prêt à recevoir son énergie, son poids et à faire circuler la gravité à travers nous et par-delà nous. Je recycle cette énergie et la réinjecte dans la relation de combat, à la façon d'un lionceau qui revient sur son frère pour jouer et encore jouer dans d'interminables roulades, rebonds, reprises entre terre et ciel.
Le Play-Fight n'apprend pas à devenir dur mais à devenir liquide, à lâcher prise et à ouvrir ses sens et son corps dans toutes les directions possibles. J'ai pris plaisir à pratiquer à Bruxelles sur des escaliers en pierre ou des préaux couverts de marbres (voir photo ci-dessous avec Laurent Ziegler). La dureté du sol nous apprend la douceur et la prévenance.
Bientôt une vidéo de démonstration sur cette page. Stay tuned...
Quand les corps se remémorent la tendresse humaine, des montagnes se
soulèvent et des fossiles brûlent au soleil. Vestiges est l'espace de
toutes les compressions, des plus douces aux plus fatales.
Dans le cadre de la création de la performance VESTIGES, des stages sont proposés en France et en Belgique afin d'initier les amateurs et semi-professionnels aux techniques d'improvisation et de composition propres au dispositif de la performance. Une représentation aura lieu en fin de chaque stage!
Hélène Marcelle fait cette proposition en tant que socio-anthropoloque et chorégraphe. Elle travaille avec l'aimable guidance de Nita Little, théoricienne en Performances Studies et co-fondatrice du Contact Improvisation. Cette collaboration a permis l'émergence d'une méthode de création originale et accessible à tous. Elle combine expression personnelle et structuration via une source d'inspiration inattendue : la géologie bouleversée de la région où réside actuellement la chorégraphe, en Drôme Provençale. Cette géologie sera aussi observée sur les autres lieux de création de Vestiges où se dérouleront stages et cours.
Concrètement, deux principaux matériaux seront produits au cours du stage : la mémoire tactile et la mémoire fossile. Toutes les deux seront abordées par l'échange verbal et l'incorporation. Cette dernière constituera le travail central du stage pour tous les participants.
MATÉRIAU 1 : LA MÉMOIRE TACTILE
Et si les empreintes de la tendresse, à même nos corps, pouvaient nous mouvoir?
Dans un premier temps, les stagiaires vont traduire en mots et en mouvements leur propre souvenir de tendresse. Le souvenir d'un regard, une caresse, une étreinte, une main qui se pose... Nous avons tous un souvenir d'un instant de toucher, de proximité physique qui nous a marqué à jamais par sa beauté. Ce premier stade est soutenu par une méthode profonde et accessible à tous les corps: la discipline du Mouvement Authentique.
Dans un deuxième temps, chaque participant enquêtera sur ce même thème auprès d'un proche et d'une personne moins proche. On revient le lendemain en stage avec un "matériau" nouveau, peut-être à des années lumières de son matériau personnel. C'est là que commence le travail d'incorporation, "embodiement", technique entre compassion, perméabilité et communication d'une intention esthétique claire. Ce travail se fait pas à pas et se structure en regard des autres matériaux rapportés par les autres participants.
Le tout est progressivement mis en scène à partir du second concept de Vestiges : la mémoire fossile.
MATÉRIAU 2: LA MÉMOIRE FOSSILE
Si le stage se donne à proximité d'un site remarquable, nous irons à la rencontre du passé géologique et le traduirons en langage scénique. Dans le cas contraire, Hélène Marcelle apportera directement les éléments qu'elle a recueillis durant ses explorations géologiques . Dans les deux cas, le stage accueillera en présentiel ou en vidéo-conférence un géologue.
Le matériau géologique va donc côtoyer le matériau tactile. De nouveaux éléments scénographiques seront introduits : cailloux, fossiles, terre, textiles et un grand nombre de lampes de poches! Une structure va se construire, tantôt à l'image des strates géologiques, tantôt à l'image de la spirale de l’ammonite, ou encore dans la rythmique du ressac de la mer, celle qui fut chassée par les montagnes.
REPRESENTATION : WORK IN PROGRESS
En fin de stage, une représentation aura lieu en présentiel ou en distanciel !
La danse des petits et des grands.. sur 60m² de tapis de danse, au grand air dans un verger à Mollans-sur-Ouvèze.
Horaire : contactez-moi pour qu'on vous trouve un moment! C'est du sur-mesure !
A Dada Danse, les petits invitent les grands à suivre leurs pas et entrer dans leur danse.
A Dada Danse, les grands invitent les petits à explorer leurs mouvements et deviennent le support de leurs petites voltiges.
On se tient, on se soutient, on roule, on rit, on fait le grand écart entre les âges, les hauteurs et les mobilités. Le tout en douceur, avec une guidance qui se construit à partir des envies en présence.
Petit update: Possibilité d'être accompagnés de musique live!
LIEU : Montbrun-les-Bains et ailleurs si vous êtes partant-e-s!
Depuis des années, les habitants de Montbrun-les-Bains et de ses alentours se réunissent le mardi soir pour danser. A chaque soirée est convié un professeur différent, transmettant sa passion : danse biodynamique, contact improvisation, chant spontané et danse, etc... L'ambiance y est tellement chaleureuse! D'année en année, on peut dire que la salle ne désemplit pas! Il s'agit d'une véritable petite tribu locale de danseurs libres et sensibles. J'en ai fait partie pendant quelques mémorables soirées.
Un jour, les organisatrices m'ont invitée à leur proposer un cours. J'ai donc imaginé un format sur-mesure : un atelier d'anti-chorégraphie pour libres-danseurs.
Afin d'embrasser cet enjeu en me sentant des bases solides, j'ai rassemblé dans un manuel (voir ci-dessous) des exercices tirés de mes formations auprès de chorégraphes mais aussi tirés de mon observation de chorégraphies et de pièces de théâtre physique. Enfin, il m'arrive, en écoutant de le musique, de voir instantanément la chorégraphie ou, du moins, d'en pressentir la partition correspondante. J'essaie alors de traduire cette vision en invitations à composer.
Le tac de Tac O Tac, c'est de prendre la balle au rebonds, le drôle au sérieux et tes jambes à ton cou.
Le hic de Tac O Tac, c'est d'improviser avec un minimum de règles plus ou moins variables, plus ou moins tordues.
Le top de Tac O Tac, c'est quand chaque danse prend part à chaque danse et l'improvisation devient collective.
Le
plus de Tac O Tac, c'est la musique : danser avec elle, sur
elle, contre elle et tout contre elle.
Inspirée par mes expériences en composition instantanée, je vous propose un trip ininterrompu, haletant et ludique où le lexique chorégraphique de chacun s'accroît au gré des propositions. De quoi bien échauffer les pattes, le cœur et les antennes pour une danse de plus en plus libre car bien outillée!
Agenda: le mercredi, samedi ou dimanche après-midi sur rendez-vous au 07 54 36 91 53.
Nous restons attentifs à la situation sanitaire et tentons de réunir uniquement des personnes vivant déjà ensemble ou des professionnels du sport et du spectacle vivant travaillant déjà ensemble par ailleurs.
La
danse émerge grâce à l'échange du poids entre les
partenaires, aux rotations et au
lâcher-prise. Cela donne des portés sans effort musculaire,
des glissades et des chutes tout en souplesse grâce à la
concentration sur le point de contact qui se déplace constamment.
Ça signifie que le mouvement est libre, que le danseur trouve à tout
moment son équilibre, son orientation ou sa vitesse. Cela, en allant
au plus simple et au plus juste. Liberté aussi d'entrer dans la
danse et d'en sortir. Liberté, liberté, oui, mais partagée en duo,
trio, quartet ou plus! On se demande comment c'est possible mais le
cours est là pour ça!
Les cours et ateliers offrent des temps d'improvisation libre, ce qu'on appelle dans le jargon, une "jam". Dans le cadre de mes cours, la jam permet d'intégrer les techniques enseignée et de les revivre au sein du langage chorégraphique de chacun. Duos, trios, grands ensembles ou simplement solos se font et se défont dans une liberté naturelle. Parfois, la musique est présente, enregistrée ou jouée "live". La jam est le souffle vital du Contact Improvisation.
Non, ce n'est ni fou ni dangereux : le cours s'adresse à tous. Aucun prérequis nécessaire pour participer, juste l'envie de bouger et d'explorer dans l'instant présent.
Le lien, c'est comme les lacets : ça se lie et ça se délie. Danser le lien, c'est aussi se lier et se délier... à l'intérieur de soi et avec les autres.
Chaque atelier porte sur la libération du mouvement. La guidance renforce la mémorisation et la conscience afin que les mouvements s'échangent entre danseurs. Solo, duo, trio ou totalités mouvantes seront expérimentés. En accord avec ce qui émerge de tout cela, des techniques de Danse Contemporaine et de Contact Improvisation seront proposées afin de nourrir les liens en soi, avec le groupe et la musique. Du corps individuel, nous passerons progressivement à un corps collectif, telle une compagnie de danse momentanée réalisant de courtes performances.
Les
Danses du Lien sont un espace de rencontre entre danseurs
expérimentés et danseurs débutants de tout âge. Seul compte
le désir de créer ensemble dans l'instant présent. La pédagogie
et les apports techniques s'adaptent au groupe et à sa diversité.
AGENDA
Chaque dimanche matin. De 10h00 – 13h00 /// Accueil à 9h30
PRIX
Prix entre 15
et 30€ par séance selon vos moyens. La participation financière ne
permet pas actuellement de rémunérer l'enseignante mais contribue aux
frais de chantier pour la construction d'un espace de danse en plein air
à Mollans-sur-Ouvèze
LIEU
lieu et réservation: helenemarcelle@gmail.com ou 07 54 36 91 53
Voici un carnet de bords pour les curieux et ceux qui participent déjà aux ateliers. Concrètement, je vais décrire ici chronologiquement le travail accompli en y incluant directement les retours et impressions des participants. Aussi, je me permettrai d'apporter des éléments de compréhension de ma méthode et de mon usage du concept de Lien. Le déroulé de chaque séance sera synthétisé en dernier paragraphe de chaque article.
Le
premier atelier des Danses du Lien a accueilli 4 participants âgés
entre 35 et 66 ans, un homme et trois femmes. La première chose qui m'a
marquée était qu'un si petit nombre de danseurs débutants puisse habiter
l'espace tout entier avec un engagement complet dans l'expérience
proposée. Une certaine grâce (en étaient-ils conscients?) émanait de
leur concentration et leur réceptivité à cette forme particulière de
l'enseignement de l'étude du mouvement individuel et collectif. Pendant
trois heures, l'espace fut nourri de leurs déplacements, de leurs
explorations et de leur contagieuse joie de composer ensemble. Cette
occupation totale de l'espace-temps de 4 personnes montre que le lien
est un acteur en soi, complexe, fluctuant et multidirectionnel. La
qualité de ce lien a introduit dans la salle de danse des présences
supplémentaires à celles des corps. Quelque chose était palpable dans
l'air.
En introduisant le double concept de Suivre/Soutenir dans l'expérience individuelle, démarre notre longue exploration du Lien qui s'éprouvera aussi, les dimanches suivants, dans l'interaction entre danseurs. En d'autres termes, ce qui sera exploré, c'est le passage de "Comment mon corps suit/soutient une intention?" à "Comment mon mouvement suit/soutient ce qui se construit entre nous?" Enfin, nous verrons les paradoxes du Suivre/Soutenir, à l'intérieur du corps et en interaction, en goûtant aux différentes situations : l'abdication, le désengagement, l'abandon ou simplement le retrait, le lâcher-prise qui sont d'autres manifestations du Lien.
Les
danseurs sont debout, assis ou encore couchés... mais en mouvement
total, guidés par leurs doigts et assurés par leurs pieds. C'est le
moment idéal pour redémarrer le processus avec les extrémités des
orteils. Sans brûler les étapes. Le mouvement se propage le long des
jambes et atteint le bassin. Et là, de nouveau le Suivre/Soutenir opère.
Une participante rapportera en fin de séance à ce sujet qu'elle avait
pu permettre à son bassin de mieux s'organiser par rapport à
l'orientation de ses pieds au sol. Son corps s'était adapté de manière
surprenante et nouvelle sans se déséquilibrer. Aussi, ce que j'ai pu
observer durant cette séquence était l'ouverture progressive du corps.
Enfin, l'expérience se termine par un jeu d'alternance entre initiation
du mouvement par les doigts et par les orteils. Moi-même expérimentant
avec les danseurs cette danse étrange, je me sens soudain l'envie de
lancer un appel vital : Connectez les mouvements de vos membres à votre
centre! Le centre dont il est question se situe entre le pubis et le
nombril, lieu connu aussi sous le nom de Tantien, centre de gravité et
d'énergie. Et, de là, nous avons "respiré nos mouvements" de l'extrémité
de nous-mêmes à notre centre, élargissant encore plus l'amplitude de
nos mouvements et déplacements.
Intervient
alors une petite pause théorique en cercle où je pose le terme "distal"
et refais quelques mouvements distaux sans grandes explications:
initiés à partir des extrémités du corps. [Le dimanche 4 octobre, nous
étudierons le mouvement proximal, généré à partir des zones les plus
proches du centre du corps]. Ensuite, ce fut au tour des ligaments de
prendre place dans le cercle. A quoi servent-ils? Que nous
apprennent-ils sur notre mobilité et nous-mêmes? Que font-ils avec les
os et les muscles? Et les organes? Comment nous les apprécions-nous dans
notre danse?
"Les
ligaments déterminent les limites du mouvements entre les os en
maintenant les os ensemble. Ils guident les réponses musculaires en
déterminant le passage du mouvement entre les os, et ils maintiennent
les organes dans les cavités thoracique et abdominale.Ce
système procure spécificité, clarté et efficacité en ce qui concerne
l'alignement et le mouvement des os et des organes. C'est par l'esprit
des ligaments que nous percevons et que nous exprimons notre clarté
d'intention et notre attention au détail"Bonnie B. COHEN, "Sentir, Ressentir et agir" (2016), Ed. Contredanse, Bruxelles.
Forts
de cette mise en lumière de "l'esprit des ligaments", nous avons
exploré individuellement cette notion de limite, de précision, de
soutien des os. Chacun s'est focalisé sur un groupe de ligaments bien
localisés: ceux du poignet, du genou, de l'emboîtement du fémur droit
dans l'os iliaque, la première vertèbre cervicale, etc. Première action:
Induire une intention particulière sur cette zone choisie, produire un
mouvement minuscule ou immense, étirer au maximum, jouer avec les
amplitudes, le rythme. Deuxième action: placer son attention dans ces
intentions et laisser le corps réagir. Cette ultrafocalisation amène un
mouvement, localisé ou global. Quelque chose émerge. Troisième action:
jouer avec cette danse émergente... puis revenir à la focalisation
minutieuse du laborantin, et répéter l'opération. Nous nous retrouvions
donc chacun dans notre propre sphère de mouvement à "essayer quelque
chose avec quelque chose de nous". En fin d'exploration individuelle,
chacun a présenté un solo sur base de son expérience. Lors de nos
échanges, une participante observait : "on arrive à un point où le corps
se déséquilibre et reprend son équilibre dans une nouvelle position,
une nouvelle direction et une nouvelle qualité de mouvement. La danse du
lien intérieur est peut-être cela : un dialogue sur les limites des
liens entre les différentes parties du corps, déplaçant ainsi le centre
de gravité dans l'espace.
Dans l'étape suivante, le groupe
s'est divisé en duos. Un partenaire était soliste face à un partenaire
témoin de la danse solo. Le danseur s'offre une danse pour lui-même mais
sait qu'elle est aussi reçue par le témoin. Le témoin ne cherche pas à
interpréter ni comprendre. Il laisse les éléments de la danse venir à
ses sens et observe en lui-même les effets produits par cette
contemplation. Son attention se porte sur la réception. Une fois le solo
accompli, le duo s’assoit face à face. Chacun va prendre la parole
pendant 2 minutes. Le danseur décrit sa danse. Le témoin décrit ce qu'il
a vu. Pas d'images, pas de jugement personnel pas de projections
émotionnelles. Juste le mouvement décrit par les parties du corps
engagées, la durée, l'espace, l'amplitude, le rythme, la forme, la
direction, la posture du corps, etc. Les faits, rien que les faits,
selon la mémoire de chacun. Peu importe l'exactitude, l'important est de
ressortir de sa mémoire ce que le corps a produit dans la danse ou a
reçu lors de la contemplation. Un deuxième dialogue laissera ensuite
libre court aux sensations et états personnels du danseur, puis du
témoin. De nouveau, sans interprétation, sans expliquer, sans analyser,
sans juger. L'exercice est particulièrement exigeant. Il est fondamental
d'une pratique qui interviendra souvent dans les Danses du Lien : le Mouvement Authentique.
Nous nous inspirons de la méthode de Janet Adler en opérant une
insistance sur la distinction entre "ce que j'ai vu" et "ce que j'ai
ressenti" afin que le registre émotionnel (porte ouverte aux projections
et jugement) soit post-posé et pesé dans un cadre bien énoncé
auparavant. Pour des danseurs découvrant cette méthode c'est un vrai
challenge : danser sans se juger et échanger sans jugement. Danser
librement mais en face de quelqu'un. Danser librement puis tenter de se
souvenir de ce qui s'est passé dans cette danse... Autant de défis pour
une danse pleinement consciente posée dans une relation humaine qui
dépasse le cadre simplement artistique pour embrasser des abîmes ou des
atmosphères parfois indicibles. Cette première expérience de Mouvement
Authentique dans le cadre de cet atelier m'a poussée à phaser la
découverte de la pratique afin que chaque dimension et enjeu du
Mouvement Authentique puisse être incorporé par les danseurs.
Enfin, nous avons passé la dernière demi-heure dans un long Round Robin...
ou cercle d'improvisation. Au centre du cercle, deux danseurs maximum.
L'entrée dans le cercle demande au danseur d'entrer en écho avec le solo
déjà en place. Un temps de duo est autorisé mais pas trop longtemps
afin que le nouveau arrivant explore son propre solo. Pendant ce temps,
le cercle de témoins de la danse reste actif, en mouvement, se déplace
pour observer la danse sous différents angles. C'est une façon d'opérer
avec la spatialisation du solo ou du duo qui ouvrira, dans les prochains
ateliers, la voie à la composition spatiale, véritable outil
chorégraphique également accessible à des danseurs improvisateurs
débutants.
Ainsi de suite, les danseurs se sont succédés au
centre dans un esprit de jeu. La musique était présente. C'est pourquoi
j'ai pris soin de demander à chacun de choisir, dans leur danse, ce
qu'ils faisaient de cette présence sonore : la suivre, la contre-carrer,
ne pas s'en soucier, l'amplifier, la diminuer, etc... Autant de rapport
à l'environnement sonore et musical qui seront étudié tout au long des
ateliers suivants. Sans entrer dans de grandes exigences, nous nous
sommes offert une demi-heure de joie, de sensibilité et de découvertes.
Durant
les dernières 10 minutes, j'ai autorisé trois personnes dans le cercle
mais ai demandé une rotation plus rapide des interventions. La tension
est montée, l'excitation aussi... Cette énergie m'autorisa d'exhorter le
groupe de danseurs: "Casse les règles, casse le mouvement, casse le
cercle, garde le lien!" Sans plus aucune consigne ou contrainte, nous
avons tous dansé, tous composé en étant reliés. Puis il a fallu trouver
une fin vers une quasi-immobilité. Ce chemin prend un certain temps et
c'est plutôt appréciable de se donner ce temps pour observer les
reconfiguration internes et externes de la danse. Une fois la fin
trouvée, certains danseurs étaient en contact, d'autres un peu plus à
l'écart, mais tellement là. Respirer cette fin, maintenir notre position
finale tout en regardant où se situe chacun, laisser nos joues se
détendre et nos regards s'adoucir et tomber dans celui de chaque
partenaire. Puis, projeter nos regards dans les espaces vides autour de
nous, vers d'autres danseurs, invisibles. Enfin, dans un dernier
mouvement collectif alors que nous maintenions notre quasi-immobilité
mais que nos yeux lançaient des lignes de consciences tout horizon, nous
avons jeter nos regards par-delà les murs de la salle, vers les rues de
Nyons, ses montagnes, ses habitants et vers la planète entière. Chaque
danseur a refermé les yeux et dans un inspir, s'est retiré de sa
position finale pour transiter vers un cercle d'échanges et de clôture.
Sept personnes ont rejoint les Danses du Lien pour cette deuxième séance. Sept femmes, âgées entre 40 et 70 ans. Je suis la plus jeune. Comment tenir compte des dimensions de genre et de génération dans la pratique qui nous occupe ici? Quelles attentes et routines sont automatiquement, inconsciemment, à l’œuvre dans mon attitude et mes attentions en tant qu’enseignante ? Quelles surprises et invitations vont bousculer mes habitudes de penser le genre et l’âge ? La non-mixité sexuée et la diversité des âges aiguisent mes sens autrement. La clarté à ce propos viendra plus tard. Essayons de retracer d’abord cet atelier!
Le cercle d’accueil s’ouvre sur un tour des prénoms et de la météo personnelle. Celle-ci me permet d’ajuster si nécessaire le programme du jour. Elle permet à chacune d’être reçue telle quelle.
Voici ce qui, ce jour-là est ressorti du cercle :
o Le lien intérieur et extérieur
o Renouer
o Le lien organique
o L’humanité
o La connexion
o L’interaction
o Les fluctuations
o Le contact
o Allez vers
o Boundaries (NDLR : les limites, les frontières)
o Avec Moi Les Autres !
o Sans lien
Les mots sont posés, sans explication personnelle ou justification. Ils sont reçus au centre du cercle. Au vu de la plénitude et de l’autonomie des mots, je décide de ne pas nous engager dans la méditation rituelle de la première séance. Laissons résonner cela. Nous nous étirons simplement au sol, comme dans notre lit, un dimanche matin. Ça tombe bien, on est dimanche.
Après moult bâillements bien assumés et roulades au sol en étoiles de mer, nous regagnons l’immobilité, toujours allongées au sol. Ce qui suit va durer une heure (lorsque la conscience rassemble toutes les parties du Soi et s’ouvre à l’inconnu, le temps est tout relatif !).
Des extrémités du corps jusqu’à son centre, j’invite chacune à déposer au sol chaque partie d’elle-même, chaque segment, os, muscle, nerf, organe, liquide, cellule… abandonner tout cela à la gravité terrestre. Nous prenons soin de le faire, au point que le corps perçu par les sens semble désassemblé : toutes les articulations, ligaments et tendons ne répondent plus de rien. Plus aucun mouvement n’est alors possible. Nous restons présentes à ce déliement intense. Nous ne nous effondrons pas pour autant : nous sommes juste, temporairement, dans l’abandon de toute intention de mouvement. « Stillness », dit-on en anglais dans la culture de la danse post-moderne.
Dans le calme du ventre, une petite lueur s’allume dans le Tantien. Comme un premier souffle, une émergence. J’invite par cette image à passer de la visualisation à la sensation-même d’un Tantien qui s’éveille et s’apprête à jouer un rôle important pour le reste du corps. Il va communiquer la possibilité de relier les différentes parties du corps à engager dans le mouvement… sans produire un mouvement réel mais juste une sensation de possibilité de mouvement, une motilité. Sentir cela comme un potentiel, dans diverses directions autour du Tantien est déjà un solo de danse pour chacune à l’échelle de l’intime intention. Le centre du corps, activé et conscient, devient l’émetteur de vecteurs. Son souffle ou son rayonnement sont l’énergie portée par ces vecteurs. Les articulations et entremêlements de tissus divers sont associés, réassemblés à partir de la communication du Tantien. Se recomposer en sentant vecteurs et énergies offre à l’intelligence corporelle de nouveaux chemins et rafraîchit les autoroutes habituelles de la volonté de mouvement. Enfin, des mouvements peuvent se produire. La motilité est alors traduite en mobilité. Je vois les danseuses se donner du temps pour sentir cela. Certaines semblent encore immobiles mais je sens leur attention. Quelque chose est en marche en elles et réassemble ce qui a été désassemblé. J’aimerais introduire la proposition de Nita Little sur la conscience de ce qui s’assemble et se désassemble dans le mouvement. Mais, à l’heure actuelle, je préfère encore ici prendre mon temps avec cette première exploration en focalisant l’attention sur le réassemblage, car, il est vrai, nous venons de loin : nous étions toutes désassemblées ! Se concentrer uniquement sur ce qui se reconstruit après un long processus de déconstruction est un premier stade important que je ne voudrais pas compliquer pour l’instant même s’il existe toujours, dans tout mouvement, des parts de soi qui se délient pour que d’autres se lient, et inversement.
Allongées au sol, les mouvements se succèdent les uns après les autres. Toujours à partir du Tantien. Ce sont des mouvements proximaux, proches du centre et reliés à lui par lui. Certaines danseuses s’élèvent sur leurs genoux ou leurs pieds. Apprécier les mouvements proximaux en faisant varier les points d’appui au sol pourrait constituer en soi tout un travail de composition !
Pour goûter à l’art du contraste dans l’initiation du mouvement, j’invite les danseuses à verser leur attention sur les extrémités du corps en leur donnant, à présent, un rôle de guides. Des mouvements distaux apparaissent. Mains en forme de fusée, pieds chercheurs. Des extrémités capables d’emporter dans leur course tout le reste du corps.
Variant entre mouvements proximaux et distaux, je leur fais noter qu’elles occupent un espace unique et généreux : la kinesphère. Il s’agit d’une référence à Rudolph Laban, théoricien du mouvement, entre autres. Peu importe la connaissance théorique ou pas de ce terme, ce qui compte ici c’est de conscientiser cette sphère autour de soi qui ouvre vers toutes les directions. Cette sphère semble apparaître plus clairement chez certaines danseuses qui prennent un certain plaisir ou, du moins, une curiosité, à explorer leur liberté, confortablement à l’intérieur de cette sphère. Les mouvements distaux caressent l’intérieur de cette sphère.
Curieusement, toutes se retrouvent assignées à un point précis de l’espace de la salle de danse, comme si le mouvement ne pouvait avoir lieu qu’à l’intérieur d’une sphère immobile. Je me permets alors de les inviter à continuer à se mouvoir dans cette sphère tout en acceptant que celle-ci se déplace dans un espace plus grand, habité des kinesphères des autres danseuses. Je me retrouve en plein cosmos où les danseuses se mettent à tournoyer lentement, prudemment, à la façon diplomatique des trajectoires des planètes de notre système solaire.
Les sphères sont toutes à présent tangibles, conscientisées à partir des mouvements qu’elles autorisent à l’intérieur mais aussi, projetées dans l’espace, en dehors d’elles-mêmes. Certaines sphères semblent se frôler les unes les autres, provoquant de nouveaux tournoiements. L’instant me semble propice à envisager un rapprochement. J’invite chaque sphère à se toucher. Cela ne signifie pas le toucher entre les corps, mais le maintien d’un espace sensible, dynamique et déjà tactile entre ces corps dansants. C’est un moment, je l’avoue, en tant que témoin de ces danses, qui m’émeut toujours. Il est fébrile, intelligent et plein d’instinct. Cette distance est une forme de contact avant le contact. Les sphères de chacune deviennent de plus en plus perméables les unes aux autres. A l’instant où un point de contact clair sonne le glas de l’individualisme des sphères personnelles, un espace plus grand est créé. Celui mû par la rencontre tactile. Du point de contact, partagé au sein de chaque duo, rayonne un nouveau champ d’expansion, une nouvelle sphère. L’enjeu est alors de maintenir son propre espace tout en versant son attention dans le point de contact. « Je suis avec toi, avec moi » devient nous collaborons à une tierce entité, un nouveau corps dansant. Cette perspective n’est pas évidente quand on la découvre pour la première fois. Mon soutien va donc juste rappeler à chacune de sentir comment, à partir de ce point de contact, lui aussi en mouvement entre les corps, il est possible de se déployer, telle une fleur qui s’ouvre vers l’univers. Un lien entre deux êtres peut être l’opportunité d’un épanouissement. Ce moment de mouvement partagé et induit par le contact en rend très bien compte.
Enfin, vient le moment pour moi d’appeler chaque entité double, chaque duo à se séparer le plus doucement possible, en reprenant à l’intérieur de soi le poids, l’intention et l’attention. Ce transfert inverse, revenant vers le soi, permet, une dernière fois de sentir l’espace tactile alors que la distance s’accroît entre les corps. Certaines ressentent encore une sorte d’empreinte. A aucun moment, les personnes ne se quittent vraiment. Elles sont, juste à présent, sans contact gravitationnel, mais toujours habitantes d’une sphère des possibles qui nous embrassent toutes dans cette salle et peut-être au-delà de cette salle."Quand un mouvement, aussi limité ou fragmentaire fût-il, était simple et inéluctable, qu'il n'appelait aucun changement, il devenait ce que j'appelais "authentique". Il pouvait être reconnu comme sincère, appartenant en propre à la personne"
- Mary Starks Whitehouse.
En séances individuelles et collectives, j'ai le plaisir de vous proposer une initiation au Mouvement Authentique, une pratique entre danse et méditation, entre
expression et introspection.
L'atelier
s'adresse à toute personne curieuse de se découvrir à travers ses
mouvements spontanés et d'en saisir le sens profond. Jeunes et moins
jeunes, mobiles et moins mobiles, tous les corps ont droit au
mouvement authentique car tous ont quelque chose à dire.
Autrement
dit , peu importe l'expérience passée en pratiques sportives ou
artistiques, l'atelier invite au dépouillement et au
déconditionnement.
ATTENTION: Signalez votre intérêt pour les cours collectifs ou individuels par simple mail (helenemarcelle@gmail.com ou au 07 54 36 91 53). Vous serez tenus au courant dès que les séances reprendront.
Dans le cadre des séances individuelles, l'espace est constitué de l'attention de la praticienne et de la présence active d'une personne en mouvement, "mouveuse" ou "mouveur". Dans le cadre d'une pratique en groupe, ce dernier est subdivisé en dyades comprenant un mouveur et un témoin qui invertiront leurs rôles au cours du processus.
En pratique, comme le décrit Patricia Kuypers, "une personne se met en mouvement, ou plutôt est mue, les yeux fermés, par les impulsions qui émergent dans l'instant pendant qu'une autre personne, les yeux ouverts et a priori immobile, est témoin de ce qui se passe pendant ce moment. A l'issue du temps de mouvement, elles se retrouvent pour un échange verbal où celle qui a bougé parle toujours en premier et au présent de ce qui l'a mu alors que le témoin, s'exprimant ensuite si le mouveur désire l'entendre, retrace son propre vécu du cheminement de l'autre, tous deux au service de la prise de conscience de ce qui s'est passé. Dans la phase de formulation par la parole, les deux protagonistes sont attentifs à distinguer les différentes strates touchées par l'expérience du mouvement, notant ce qui relève du physique, du sensoriel, de l'imaginaire, de la mémoire. L'usage des mots, le passage du ressenti au dit, constituent un enjeu majeur, médium de la cristallisation de l'expérience de danse, qui requiert une grande délicatesse" (Patricia KUYPERS, "Introduction", in ADLER J. (2016), Vers un corps conscient - La Discipline du mouvement authentique, éditions Contredanse, Bruxelles, pp. 8-9).
Cette définition succincte de la pratique et du dialogue Mouveur-Témoin se décline de manière différente dans le cadre d'une séance individuelle. Explications ci-dessous.
ÉTAPES EN SÉANCES INDIVIDUELLES
SOURCE : ADLER J. (1972), "Integrity of Body and Psyche - Some Notes on Work in Process", in PALLARO P. (ed.), Authentic Movement, London adn Philadelphia, JKP.
Une déontologie claire est indispensable à la pratique du Mouvement Authentique étant donné que nombres de personnes rejoignent cette discipline dans le cadre d'une meilleure compréhension de soi. Parfois, certaines d'entre elles sont mêmes engagées dans un processus thérapeutique par ailleurs. La discipline du Mouvement Authentic n'est initialement pas conçue comme de la Danse Thérapie mais comme une voie vers une meilleure connaissance de soi à travers un travail créatif. Cependant, la discipline produit des effets thérapeutique et a déjà été maintes fois mobilisées dans le champs thérapeutique. Dans notre cas, nous restons dans un cadre de bien-être et de création. Nous n'établissons pas de diagnostic et ne répondons pas du champ médical. Cela peut sembler tomber sous le sens mais nécessitait d'être clairement formulé.
1. Respect de la vie humaine de la personne et de sa dignité
2.
Confidentialité des participants et secret professionnel couvrant tout ce qui est porté à
la connaissance de chacun (l'accompagnatrice et les participants). Ce qui induit, chez l'accompagnatrice, qu'aucun rapport n'est transmis aux éventuels
intervenants médicaux suivant certains participants.
3.
Découlant du point précédent : non-intervention dans la vie privée de
la personne. L'accompagnatrice en Mouvement Authentique ne
peut, même si la personne le demande, initier toute démarche médicale ou
juridique en sollicitant un avis/accompagnement/suivi médical ou
juridique. La praticienne a le devoir de renvoyer la personne à ses
propres capacités d'action et de décision pour des questions relevant
d'aspects médicaux ou juridiques.
4. Liberté de la personne de choisir le rythme de l'accompagnement et à
cesser l'accompagnement à tout moment.
5. Rupture épistémologique dans la fabrique du sens et du mouvement et
des liens établis entre eux. Aucun jugement de valeur ne peut être porté
sur les expressions de la personne en accompagnement. La praticienne
veille dans ses propos et propositions à ne pas orienter l'analyse que
fait la personne tout au long du travail en Mouvement Authentique. La
praticienne soutient la production de sens chez la personne accompagnée
dans un esprit constructif d'ouverture spirituelle quant aux aspects
anthropologiques et plus précisément les aspects éthiques, symboliques,
religieux et psychiques du discours de la personne accompagnée.
6. Une information complète et détaillée pour chaque de demande de suivi
afin que les conditions d'accès et processus de la pratique soient
entendus. Des modifications peuvent être discutées afin d'adapter au
mieux l'offre aux conditions de la personne
7. Propriété intellectuelle des matériaux chorégraphiques : la personne est considérée comme auteure de ses mouvements. Ils ne peuvent entrer dans une communication artistique que sur accord écrit de la personne et/ou de sa participation active dans cette communication artistique.